Témoignages

Briançon

Briançon, 2025

Je suis retourné à Briançon récemment. C’était ma quatrième visite en un an et demi pour acheminer des vêtements, chaussures, sacs de couchage et acheter de la nourriture sur place. Briançon est une ville perchée dans les Alpes, qui abrite un refuge où les personnes qui ont franchi la frontière italienne peuvent venir passer une nuit ou deux, changer de vêtements, se procurer de nouvelles chaussures, manger quelque-chose et récupérer des forces jusqu’à ce qu’elles reprennent la route. Le refuge peut accueillir environ 80 personnes à tout moment. L’équipe est dirigée par Jonathan (Moon). Des volontaires accueillent les migrants,  travaillent dans les cuisines, préparent les repas et assurent le bon fonctionnement de l’établissement . Il y a également un atelier de réparation sur place où l’on peut faire du bénévolat.

 Je pense que si on veut faire du bénévolat, aller à Briançon est une bonne option car c’est proche de la Suisse, accessible en train et il y a du logement sur place.

Humansnation est toujours à la recherche de personnes qui aideraient à apporter des vêtements ou d’autres articles dont ils ont besoin. Il y a environ quatre heures de route entre Lausanne et Briançon, et il est tout à fait possible de faire l’aller-retour dans la journée.

Marina


Calais

Calais, 2019

Je suis partie 3 jours à Calais avec une amie. Nous avons dormi chez une personne en contact avec l’association, avec d’autres volontaires. Nous avons alors pu échanger autour de l’évolution de la situation à Calais, ce qui était très intéressant et enrichissant.

Sur place, j’ai pu découvrir différentes associations, qui avaient chacune leurs spécificités (cuisine et distribution de nourriture, tri de vêtements, structure d’accueil de jour et cours pour apprendre l’anglais…).

Je me suis tout de suite sentie à l’aise, car les personnes sur place étaient bienveillantes, et ont pris le temps de discuter, d’expliquer les différentes associations et les fonctionnements. Elles étaient à l’écoute et ont pris le temps de répondre aux questions.

C’est un endroit qui est ouvert à tout le monde, qui ne met pas de pression et qui permet à chacun d’être utile.

Laetitia

Calais, 2017

En automne 2017, j’étais entre deux emplois et j’avais donc beaucoup de temps libre. J’ai souhaité partir en Grèce pour venir en aide aux associations œuvrant dans le soutien des personnes migrantes. J’ai cherché à entrer en contact avec plusieurs d’entre elles, et c’est comme ça que j’ai découvert Humansnation à Lausanne. J’ai pris contact avec eux et j’ai rencontré l’un des bénévoles. Nous avons longuement échangé autour d’un verre. Il m’a ensuite mise en contact avec deux autres Valaisannes qui partaient pour Calais. Je me suis donc greffée à ce projet, et nous avons pu partir ensemble.

Dans les semaines précédant notre départ, nous avons récolté du matériel : sacs de couchage, habits d’hiver, etc.
Nous nous sommes retrouvées un samedi matin de novembre pour embarquer dans un Renault Espace rempli à ras bord de dons, et nous avons roulé jusqu’à Calais.

Arrivées sur place, nous avons été accueillies par Sylvie. Cette bénévole mettait sa maison à disposition des volontaires venus du monde entier. À ce moment-là, nous étions quatorze personnes, de tous âges et de tous horizons, à partager une salle de bains et trois chambres.

Dès le lendemain, nous avons découvert nos missions pour les jours à venir. En premier lieu, nous avons aidé à l’élaboration des repas chauds. Je me souviens avoir commencé par trier plus de 150 kg de pastèques. La nourriture provenait en partie des invendus des magasins de la région. Il fallait donc faire le tri entre ce qui était encore consommable et ce qui ne pouvait plus être servi.

Calais, en novembre, c’est très humide et froid. Nous étions dans d’immenses entrepôts à couper des kilos et des kilos de nourriture. Pourtant, ce n’était pas difficile. Discuter avec les nombreux bénévoles présents faisait passer le temps très rapidement.

En fin d’après-midi, nous préparions les bus qui allaient faire les tournées de distribution des repas. Il était alors temps de faire la vaisselle et de ranger les entrepôts. Nous rentrions ensuite chez Sylvie, épuisées.

Nous pouvions aussi être affectées au tri des dons dans un autre immense entrepôt. Tout ce matériel allait être ensuite distribué aux hommes et aux femmes dormant dehors.
Il était également possible de partir sur le terrain pour servir les repas. J’ai pu m’y rendre à trois reprises durant cette semaine à Calais. Malgré la situation particulièrement difficile (la nuit, le froid, l’humidité, les rondes des CRS), l’ambiance était bonne. Les personnes venant chercher un repas chaud étaient souriantes et échangeaient volontiers quelques mots avec les bénévoles. Le temps d’un instant, j’oubliais que quelques minutes plus tard, elles retourneraient dans leur campement de fortune.

Je ne suis restée qu’une semaine, mais ce fut une expérience qui a eu un réel impact sur moi. Je me souviens que la veille de mon départ, je me suis interrogée sur la valeur de notre démarche. Soyons optimistes : si ces hommes et ces femmes parviennent à atteindre l’Angleterre, si elles réussissent à y rester, quelle sera leur vie après tout ce qu’elles ont traversé ? Je me suis sentie ridicule de proposer ce curry de légumes quotidien.

De retour à la maison, un des bénévoles, qui était américain, nous a expliqué que c’était le soir de Thanksgiving et qu’il avait un petit coup de blues. Nous avons donc décidé de préparer un repas tous ensemble en vidant le frigo : un reste de courge, quelques pommes de terre, du chou, des Pépito et un peu de vin rouge ! Quel repas de fête. Mais le fait d’être ensemble, de partager nos expériences, m’a permis de relativiser. Oui, mon action était comparable à une goutte d’eau dans l’océan… mais c’était ma goutte d’eau.

Le lendemain, nous sommes rentrées en Valais. Arrivée chez moi, j’ai pris contact avec l’office de l’asile pour savoir comment aider localement, car je commençais un nouvel emploi et je ne pouvais pas repartir à Calais.

J’ai été mise en contact avec la personne responsable des bénévoles de la ville de Martigny. J’y suis active depuis 2017. Nous proposons plusieurs activités, comme l’aide aux devoirs, des cours de français pour les mamans, des camps durant l’année ou encore des sorties ponctuelles.

Sylvane


Chios

Chios, 2023

Fin 2023, je suis partie pour la première fois faire du volontariat au sein d’Offene Arme, une ONG basée sur l’île de Chios, en Grèce, et qui est active dans le soutien des requérant-e-s d’asile et des réfugié-e-s qui vivent au sein du camp de Vial.

Cette ONG possède un “freeshop” où les requérant-e-s d’asile ainsi que les réfugié-e-s peuvent venir et choisir des vêtements, du matériel adapté aux saisons (par exemple des couvertures et des sacs de couchage en hiver) ainsi que des produits d’hygiène. Cette ONG organise également des distributions au camp de Vial.

La-bas, mon travail était d’accueillir les personnes du camp de Vial au “freeshop” et de les aider à trouver tous les articles nécessaire à leur bien-être, de restocker le “freeshop”, de me rendre au camp de Vial afin de faire des distributions de vêtements et de matériels d’hygiène ainsi que de trier les donations des locaux et des organisations.

Je suis restée 3 semaines au sein de cette ONG. Tout d’abord, j’ai eu la chance de collaborer avec une superbe team de bénévoles ! Effectivement, nous étions tous-tes très soudé-e-s et complices et cela a rendu notre travail un peu plus doux. Aussi, comme j’y étais durant les mois de novembre et décembre, j’ai participé à plusieurs distributions d’habits chaud au camp de Vial. J’ai également participé à deux distributions de matériels pour les MNAs ainsi qu’à une distribution de jouets pour les enfants du camp !

Je retiens de ces 3 semaines une aventure remplie d’émotions, de solidarité, d’empathie, de bienveillance et d’humanité, tout simplement. Je me sens chanceuse d’avoir eu l’occasion d’offrir mon temps et mon énergie à des femmes, des hommes et des enfants dont on oublie bien trop souvent l’existence.

Sarah

Chios, 2017 et 2018

J’ai réalisé plusieurs engagements auprès de l’association CESRT en Grèce, sur la petite île de Chios.  Proche de la Turquie, les arrivées par bateau d’hommes, femmes et enfants sont fréquentes. La directrice de l’association fait de son mieux pour améliorer la dignité de leur accueil dans un contexte où les conditions de vie et de traitement sont très difficiles et changeantes. Lors de mon premier départ, nous pouvons agir au sein d’un « camps » aménagé précairement en bord de mer. Le froid de l’hiver est difficile à vivre, car les tentes et aménagements rudimentaires dans lesquels vivent ces personnes sont très peu adaptés. Les distributions de biens de première nécessité (vêtements, kit d’hygiène, etc.) ou encore de thé chaud nous permettent de rencontrer celles et ceux qui ont tout risqué pour quitter leur pays.  Les échanges y sont émouvants, révoltants et remplis de résilience. Les bénévoles organisent des animations pour les enfants et coordonnent un lieu parents-enfants qui permet d’offrir quelques instants de répit et de chaleur aux familles. Nous sommes également présents lors des arrivées par la mer qui surviennent à toute heure du jour et de la nuit. Des kits de nourriture ou encore des vêtements secs et chauds sont alors proposés.  Soutenir les actions de cette association, qui lutte année après année pour que ces hommes, femmes et enfants soient considérés de façon plus juste, a été pour moi une façon concrète d’agir, actions que j’ai poursuivies sous d’autres formes à mon retour.

Laura

Les fêtes de fin d’année à Chios, 2017

Intense présence de Humansnation à l’occasion des fêtes de fin d’année à Chios. Les congés permettant de se libérer plus facilement, plusieurs bénévoles ont choisi de se rendre sur l’île, certaines pour la seconde, la troisième ou la ième fois. Une période qui a pour toutes et tous, volontaires et réfugiés, pris une teinte solidaire particulièrement appréciée.

A Chios, ces dernières semaines ont été marquées par le froid, des conditions de vie plus difficiles encore que d’ordinaire. Les actions de Chios Eastern Shore Response Team (CESRT) soutenue par Humansnation en ont donc été considérablement influencées. Distribution de vêtements chauds (vestes, gants, écharpes, bonnets), de couvertures de survie (avec indication des moyens les plus efficaces de les utiliser pour qu’elles déploient leur plein effet). Hébergement de quelques familles dans les locaux qui hébergent les cours d’anglais (« English Center ») lors d’un week-end particulièrement glacial. Distribution de thé chaud au camp de Souda, occasion aussi de partager la chaleur humaine chère à nos cœurs. Autant d’actions qui ont impliqués non seulement une présence sur le terrain, mais également des heures passées dans la warehouse à trier, plier, compter, empaqueter. 

Le récent projet  « Parents and toddlers  house » (le centre s’est ouvert au premier jour de l’an !) a permis à « l’équipe suisse » de mettre en pratique ses compétences en matière d’animation et de prise en charge de jeunes enfants. Humansnation se réjouit qu’un projet destinés aux jeunes enfants (0 à 6 ans) et à leurs parents (pères et mères) ait été mis sur pied. Cet espace permet d’offrir aux enfants n’ayant pas accès à l’eau dans les camps des douches bienvenues, mais surtout d’offrir aux parents l’occasion de renouer avec leur rôle et de le renforcer. Voir son enfant jouer, interagir avec lui dans un espace tranquille peut sembler banal. Cela ne l’est pas pour toutes celles et ceux que les chemins de la migration ont entraîné dans les camps. Bravo CESRT ! Merci les bénévoles !

Ces dernières semaines ont aussi été marquées par l’organisation de plusieurs cours. Les bénévoles impliquées dans le travail avec les enfants ont eu l’occasion d’être sensibilisées aux questions liées aux traumatismes et à la façon de les prendre en compte dans la pratique. Deux séances ont été consacrées aux premiers secours et à la gestion de l’hypothermie. Une bénévole HN a animé deux séances de sensibilisation à l’EFT (Emotional FreedomTechniques), une technique simple et efficace qui permet de gérer tant ses propres émotions difficiles que de calmer une personne en situation de stress aigu. Nous nous réjouissons de toutes ces initiatives qui rendent compte du souci constant de mieux faire dans le cadre qui est le nôtre à Chios.

Le premier bateau 2017 (47 personnes) est arrivé le 1er de l’an au tout petit matin… S’il est toujours réjouissant de voir les sourires naître sur les visages des accueillis lorsque nous leur apportons du réconfort, il est toujours plus difficile de mettre en balance les attentes, les espoirs, et ce qui attend ces frères et ces sœurs dans les heures, les jours, les semaines et les mois qui suivront. 

Puisse cette nouvelle année être empreinte de plus d’ouverture et d’humanité !!!!

Chios, 2017

En 2017 je m’engage pour la toute première fois en tant que bénévole pour l’association Humanisation. C’est dès février de cette même année que je me retrouve sur l’ile de Chios ou les arrivées de personnes qui tentent de fuir leur pays sont nombreuses. 

Durant mes trois engagements bénévoles en Grèce, j’ai pris part au tri des vêtements, à la préparation et distribution du thé et des repas, aux moments d’échanges créatifs, au lieu parents-enfants et à l’arrivée des bateaux.

Sur place, je découvre l’horreur des camps et le traitement indigne de la vie humaine que subissent hommes, femmes et enfants. J’y fais de précieuses rencontres et au travers des échanges, je réalise à quel point il est essentiel de ne pas invisibiliser ce qui s’y passe.

Le fait de partir avec l’association Humanisation m’a permis non seulement d’avoir des échanges avant mon départ, mais aussi à mon retour, lors de rencontres bénévoles par exemple. Cela m’a aussi permis de m’engager auprès d’une association locale en Grèce.

Cindy

Chios, 2016 : les arrivées ne diminuent pas

Une équipe s’est rendue à Chios à fin janvier 2016 pour rejoindre notre contact sur place. Arrivé sur le terrain, après le débriefing, une première nuit de shift pour l’accueil des bateaux. Malgré les belles promesses de la Turquie et de l’UE, les arrivées ne diminuent pas… Une dizaine de bateaux remplis à bloc pour cette première nuit. Enormément d’enfants font partie de ces voyages périlleux.

Durant toute la semaine sur place, Al et Patricia, tous les deux du domaine médicale, se sont relayé avec les volontaires sur place pour accueillir les bateaux à leur arrivée sur les plages de Chios. Premiers soins, distribution de vêtements et couvertures de survies.

Humansnation a également fait don d’un défibrilateur à l’équipe de volontaires sur place afin que les équipes médicales puissent être équipées pour les besoins du terrain.

Un travail éprouvant tant physiquement que moralement. Des rencontres, des histoires de vie. Une aide indispensable pour ces gens qui ont dû tout quitter dans l’espoir de trouver la paix en Europe.

Des drames aussi… Comme cet enfant qui n’as pas pu être réanimé par les volontaires sur place.

L’équipe est rentrée de Chios le cœur lourd mais avec l’envie d’y retourner pour continuer à apporter du soutien à toutes ces personnes livrées à elles-mêmes.

Al repart à la fin du mois de mars pour épauler les volontaires indépendants déjà sur le terrain.

Chios, 2016
Lorsque j’ai lu l’article concernant le travail d’une association lausannoise inconnue, Humansnation, cela m’a interpellé. Ils étaient à la recherche de bénévoles pour aider à l’accueil des migrants dans l’île grecque de Chios. Et pourquoi ne participerai-je pas à cette aventure ? Mon épouse a également été interpellée et nous sommes donc partis fin novembre pour l’île de Chios.

Qu’allions-nous trouver? Quelles seraient nos activités? Aurons-nous des sentiments de peur? Et finalement qu’est-ce qu’on pourra bien faire là-bas?

Arrivés à Chios, par un avion de ligne venant d’Athènes, la surprise a été importante de voir que nous n’étions pas les seuls et que plusieurs personnes voyageant avec nous allaient aussi à Chios pour aider à l’accueil des migrants.

Des jeunes, des moins jeunes, des étudiants, des professionnels, un syndicaliste espagnol, une agente de presse d’une préfecture française, des enseignants, des personnes venant d’un bout du monde (Thaïlande) à l’autre bout (USA) en passant par l’Australie et bien sûr l’Europe.

Et au milieu de tous ces bénévoles quelques suisses, le « swissteam » comme nous allions être rebaptisés.

En fin de journée, nous rejoignons le centre névralgique de l’association CESRT (à Chios), association animée par une grecque enthousiaste, pleine d’énergie et sachant fédérer toutes les énergies venues d’ici ou d’ailleurs : Toula.

Nous avons apprécié cette personne se trouvant sur tous les fronts, nous envoyant continuellement des messages via Whatsapps pour nous tenir informés des besoins : il faut 2 personnes au port, un bateau vient d’arriver avec une soixantaine de migrants ; on manque de monde à la maison des enfants (un appartement en voie de réhabilitation et qui accueillera des mères réfugiées et leurs enfants) ; rendez-vous à 15 heures pour le cours d’anglais ; distribution de chaussures à 14 heures au camp de Souda ; message d’Humansnation : pouvez-vous donner à Toula 860 euros que l’on vous remboursera sur votre compte bancaire en Suisse, elle doit payer l’installateur sanitaire et l’électricien pour la maison des enfants ?

Ainsi à travers tous ces petits messages, ce sont autant d’actions connues ou inconnues pour venir en aide à ces migrants qui arrivent par centaine de Turquie.

Nous avons pu nous investir dans plusieurs actions. Le matin, invariablement, commençait par une réunion du CESRT TEAM au warehouse. Les nouveaux se présentent et les anciens font de même ! Ensuite, il s’agit de répartir les forces. Les besoins sont nombreux et chaque jour, un autre membre de l’équipe permanente du Team dirige les opérations. 2 personnes sont nécessaires pour accueillir les réfugiés lorsqu’ils arrivent au port, amenés par la police. Il s’agira dans une baraque plus que vétuste, de leur apporter le premier soutien, changer leurs effets mouillés, leur donner quelque chose à boire, les écouter, les réconforter avant qu’ils ne soient embarqués dans un car pour le camp militaire où ils seront inscrits sur une liste d’attente pour rejoindre un pays convoité d’Europe.

En fin de nuit, il faut deux personnes le long des côtes afin de patrouiller et accueillir un éventuel bateau qui n’aurait pas été intercepté par la police.

3 personnes pour aider à la cuisine Zaporeak, une cuisine gérée par des espagnols, des basques plus particulièrement. Le travail est très bien organisé, l’argent récolté dans les paroisses, les églises espagnoles permet d’assurer les repas de midi à plus de 1200 réfugiés. Les volontaires espagnols viennent pour 3 semaines, tous frais payés, mais en contrepartie il faudra travailler tous les jours sans congé. L’ambiance est chaleureuse et un grand moment est la mise en bac des plats préparés et leur distribution au camp de Souda.

Nous y participerons et je serai chargé de mettre 3 mandarines par personne selon les données des fiches que possèdent les réfugiés. Ceux qui n’en ont pas devront attendre la fin de la distribution officielle afin de recevoir un éventuel repas.

Lors de cette distribution, beaucoup de dignité de la part des migrants. Ils attendent. Il faut dire que le temps pour eux passe essentiellement à attendre. Attendre la distribution du repas, attendre la distribution d’habits, de chaussures, faire la queue pour attendre la visite chez le médecin. Refaire la queue pour attendre la visite auprès des autorités officielles d’Europe. Et dire que quelques années auparavant ces personnes étaient comme vous et moi, vivant dans des villes en paix, travaillant, œuvrant à différentes tâches. Et la guerre est arrivée. La guerre avec son lot d’incertitudes, la mort de proches, les bombes qui tombent sans prévenir. Après bien des hésitations, il faut se décider à partir, quitter cet enfer en espérant rejoindre l’Europe ou tel ou tel membre de la famille, tel ami qui a déjà pu émigrer.

Et c’est pour toutes ces personnes, un long périple en famille, pour arriver dans un camp qui se trouve en Europe et surtout loin des bombes. Et là, il faut à nouveau s’armer de patience pour avoir un papier permettant de rejoindre un des pays où tel ou tel membre de la famille se trouve, où il y a espoir de pouvoir, en attendant la fin de la guerre, retrouver un semblant de paix et de sécurité. Notre amie australienne Sandy, a d’ailleurs pris rendez-vous pour 2026 à Alep avec une famille qui espère bien rentrer dans son pays et pouvoir l’accueillir lorsque tout cela sera terminé.

Le soir, après avoir travaillé à différentes tâches, nous rentrons fourbus, heureux, ayant le sentiment d’avoir comme le colibri de la fable pu apporter notre petite goutte d’eau sur cet incendie qui a de la peine à s’éteindre.

Nous sommes infiniment reconnaissants envers toutes ces personnes côtoyées, migrants, volontaires, grecs. J’ai été frappé par leur sourire, leur gentillesse. Le premier jour, un migrant qui venait de toucher son repas, me propose de le partager avec moi, le tout ponctué d’un large sourire.

Cette expérience forte ne laisse pas indifférent et nous garderons un souvenir indéfectible de ces rencontres, partages et moments d’humanité. 

Expérience que nous n’avons pas renouvelé au loin mais nous nous sommes engagés durant 3 ans à la Maraude à Lausanne (distribution de repas aux sans-abri) et ensuite durant 3 ans à la Soupe Populaire comme petite-main pour la préparation des repas. 

Merci à Humansnation de nous avoir permis de vivre ces moments de grande tristesse et de grande joie.

Katherin et Christian


Thessalonique

Thessalonique, 2022

Je suis partie pour 6 semaines à Thessalonique en été 2022. La ville est un passage clé pour les personnes en exil qui veulent se rendre en Europe. J’ai travaillé avec WAVE qui est une petite association qui propose un lieu où tout le monde peut venir se reposer et manger en sécurité.

En tant que bénévole, j’ai beaucoup aidé pour la cuisine, mais aussi pour la lessive et l’entretien des douches. 2x par semaine nous nous rendions aussi dans les marchés de légumes de la ville pour récupérer les invendus. Les journées étaient chargées, mais l’ambiance était incroyable. Tout le monde, bénévoles et personnes en exil, nous cohabitions dans le même espace (avec beaucoup de musique !). Nous avions du temps pour parler et échanger. Les histoires de chaque personne rencontrées étaient touchantes et témoignaient de leur situation inhumaine. Cela contrastait avec l’ambiance chaleureuse. Cela faisait du sens de donner du temps et de l’énergie pour leur permettre d’avoir un lieu où se reposer, se sentir en sécurité, manger et rire.

Manon