De pire en pire
Un jeune qui s’immole par le feu, des tentatives de suicide, des bagarres entre ethnies, des assaults d’extrémistes, voici le quotidien des réfugiés sur Chios dans les camps de Vial et Souda.
Des bateaux qui arrivent encore et encore, avec beaucoup d’enfants à bord…qui vont rejoindre ces camps de l’enfer..
Le CESRT, team avec lequel nous travaillons, est toujours là au rendez-vous pour apporter de l’aide et du soutien. Repérer les cas vulnérables, les enfants non accompagnés afin d’en informer les grandes organisations, qui elles ne se mouillent pas comme tous ces bénévoles.
Témoignage de Jean-Pierre, un de nos bénévoles:
« Dimanche …18h58 nous sortons des voitures sur le parking du resto où nous comptons passer une soirée tranquille dans la ville de Chios lorsque nous recevons un appel pour un « landing » à Karfas… nous y étions il y a 20 minutes… Retour au point de départ…
Arrivés sur place, c’est le bordel il y a près de 70 personnes qui débarquent d’un truc en plastic prévu pour 20, tous sont trempés il y a 34 homes, 13 femmes et 22 enfants en bas âge une horreur ! Je conduis la voiture qui a le « car stock » : Vêtements de toutes tailles, eau nourritures et matériel d’urgence,… Sous les smartphones et les regards des touristes nous vidons la voiture et déposons tous les sacs d’habits sur la plage et commençons par changer les plus petits, puis les plus grands… Frontex est là, le bus qui conduira ces personnes au port pour un premier contrôle, aussi. Pas le temps de changer les adultes, ce sera fait au port de Chios.
Un deuxième bateau est annoncé par la voie officieuse, nous ne savons pas où il va arriver… ça stresse encore un peu l’équipe qui se scinde en deux pour assurer l’arrivée de la seconde embarcation dont nous ne savons rien.
Pendant ce temps, une équipe se rend au « port hut » et le prépare pour accueillir les 69 personnes. Il est passé 19h00 le camp de Vial est fermé. Les femmes et les enfants passeront la nuit à l’intérieur de la cabane, pour autant que nous arrivions à tous les y caser, les hommes dormiront dehors…
Le car arrive au port, la police portuaire est là ainsi que les hommes de Frontex et la police turque…
Après une interminable attente ces « migrants illégaux » sont alignés dehors, certains, dont les petits enfants sont pieds nus, d’autres sont trempés. Ils sont comptés et recomptés avant que nous soyons autorisé à leur donner à boire et à manger (rien d’exceptionnel, un croissant industriel, une barre de choc et une bouteille d’eau) nous leur distribuons également des couvertures et des habits secs.
La météo n’est pas bonne, nous voulons monter des tentes devant le « port hut »… Ne rien entreprendre avant le OK de la police portuaire… ça tarde. L’équipe des nanas changent les petits, ça sent bon le Pampers à l’intérieur…
Les deux médecins de Waha sont sur place, ils check les enfants, les femmes puis les hommes tout ce petit monde vas plus tôt bien.
Enfin nous pouvons monter 4 tentes il n’y aura pas de la place pour tous, certains jeunes préféreront tout de même dormir dehors.
Les enfants pleurent, les femmes font ce qu’elles peuvent, et les hommes sont tous sur leur smartphones à donner des news à la famille restée au pays ou déjà arrivés à « destination ». Tout va bien !
Il est 3 heures du mat, je rentre me coucher un moment, d’autres volontaires prennent le relais… »