Après l’accord avec la Turquie, les conditions se durcissent pour les réfugiés
Après le 20 mars, plusieurs volontaires sont retournés à Chios pour apporter leur aide aux réfugiés qui continuent d’arriver. A leur arrivée, les réfugiés sont mis en état d’arrestation en attendant leur renvoi vers la Turquie. Le port est occupé par quelques 300 personnes ayant fui le camp fermé de Vial après de violents conflits. Comment vivre en paix dans un espace confiné, où les droits humains de base ne sont pas respectés ?Et comme si la situation n’était pas assez compliquée et difficile, des extrémistes de droite étaient venus semer la pagaille sur les lieux. Des mères en larmes, des enfants paniqués… Ils s’apprêtaient à revenir, laissant entrevoir des accès de violence qui effectivement, ont atteint leur apogée durant la nuit, entraînant l’expulsion des occupants du port.
Que de violence ! Que de peurs ! Que de doutes et d’angoisses dans ce qui se passe actuellement. Impuissance en présence de ces femmes, hommes et enfants démunis, maltraités, non-reconnus comme êtres humains.
On ne ressort pas indemne d’une telle expérience. On apprend (un peu) à accepter les limites de nos possibles. A se dire que les quelques sourires dispensés, le geste qui réconforte, le café que l’on partage, le ballon que l’on échange avec l’enfant ne changeront certes pas la face du monde, mais comme a confié un réfugié, ces petits gestes sont comme de petits anges auxquels penser lorsque la nuit est trop profonde.
Réel conflit intérieur et humain, face aux décisions politiques de l’accord entre l’UE et la Turquie et ses répercussions en live.
L’équipe se battait du mieux qu’elle pouvait pour venir en aide aux personnes, aux humains d’un point de vue pratique et de cœur à cœur, sans entrer sur le plan politique. C’était un conflit perpétuel pour tous les bénévoles qui était parfois difficile à supporter. Vouloir aider tous ces gens du mieux qu’on peut, mais en étant très rapidement bloqués par le gouvernement grec et les décisions politiques prises par des personnes qui ne sont pas « du terrain ». Chacun essayait, à son échelle, de montrer et de dire au monde (articles, publications sur les réseaux sociaux, discussions avec des classes, etc), l’injustice et le non-respect des droits de l’homme et des humains dans nos pays européens.
Sur place, une solidarité magnifique s’est créée au fil des mois. Des bénévoles du monde entier viennent donner un coup de main, du long-terme au court-terme, tous issus de milieux différents.
Récit d’un des volontaire son dernier jour sur place:
Notre avion décollait à 11h50 de Chios pour Athènes et nous avions fait notre dernière patrouille de nuit de 4h00 à 8h00 du matin sur la route du sud. À 7h00, le coordinateur nous appelle en nous disant qu’un bateau avait échappé aux garde-côtes turques et qu’il était en train d’arriver sur une plage précise.
Nous nous y sommes tout de suite rendus, suivis par une équipe médicale. Arrivées sur place, 25 enfants et 25 adultes étaient dans le bateau, venus principalement d’Afghanistan et de Syrie dont une femme enceinte, une famille avec une génération entière (grands-parents, parents, enfants), un mineur de 15 ans seul, avec comme seul bagage, un sac de poubelle sur l’épaule. Après quelques minutes passées avec eux en leur donnant des habits secs, de la nourriture et en leur expliquant la suite actuelle pour eux, nous nous sommes rendues compte de la misère de ces gens et tout ce qu’ils avaient laissé derrière eux pour arriver ici…